Le mot « stratégie » renvoie à des sentiments contradictoires.
D’une part le mot a un peu perdu de sa substance à force d’être utilisé à tort et à travers. Sur les réseaux sociaux et dans les articles de management tout est stratégique. Les achats, les ventes, le marketing, l’innovation, la gestion des talents, le développement de l’intelligence artificielle, la lutte contre la Covid… Si tout est stratégique, alors rien ne l’est vraiment.
D’autre part, le mot fait peur. Il fait référence à ce que la direction concocte dans le secret de ses réunions, de ses séminaires, renvoyant un peu à l’apprenti sorcier.
Décrit les actions, les moyens et les ressources
La stratégie fait l’objet de manuels pleins de théories et de matrices plus ou moins ésotériques. Elle sert d’alibi à l’exécution de décisions souvent impopulaires ou dont la finalité échappe aux collaborateurs, sans parler des managers. On peut en penser ce que l’on veut, la stratégie est incontournable. Qu’elle fasse l’objet d’une formulation, d’une communication et d’un déploiement clairs, ou au contraire qu’elle ne soit ni communiquée ni connue et que l’entreprise fasse de la stratégie comme monsieur Jourdain de la prose, elle est consubstantielle à la direction d’entreprise. Dans sa forme la plus élémentaire elle exige un état des lieux, une bonne connaissance de la situation concurrentielle de l’entreprise. Elle exige une vision claire de l’avenir, incarnée par des objectifs explicités. Enfin elle est action par essence. Elle décrit les actions, les moyens et les ressources déployés par l’entreprise pour atteindre ses objectifs, et rendre réelle sa vision de ce qu’elle veut devenir.
The art of making things happen
Fondamentalement la stratégie est « the art of making things happen. » S’il est vrai que la stratégie se construit sur de nombreuses recherches, études, théories, théorèmes, principes et outils, s’il est vrai que la stratégie nécessite idéalement un travail de fond de l’entreprise menée par sa direction générale, souvent assistée par des cabinets hors de prix, elle peut néanmoins être pensée et esquissée rapidement et concrètement. Sans études ni interminables réunions d’experts, sur la base de connaissances et opinions de managers, structurée autour de quelques étapes incontournables, la démarche stratégique peut se déployer en quelques heures pour produire une première, incomplète mais intéressante vue d’ensemble de la situation de l’entreprise et de ses principales priorités. Poser les bases du diagnostic stratégique (1), clarifier les grands objectifs de l’entreprise (2), définir les actions incontournables afin de les atteindre (3), tout ceci qui rappelons-le est la structure de la démarche stratégique, peut faire l’objet d’un travail de fond de plusieurs mois ou tout aussi bien être esquissé en quelques heures.
- Diplômé de Sciences-Po Paris et titulaire d’un MBA (New-York University)
- Christophe Clavé occupe depuis plus de 20 ans des responsabilités de dirigeant en entreprise et préside aujourd’hui une société d’investissement et de conseils.
- Professeur de stratégie & management au sein du groupe INSEEC U, Christophe Clavé a également enseigné la stratégie à HEC Paris.
- Auteur du livre « Les voies de la stratégie» publié aux éditions ESKA (2020) ainsi que de Agilité Management Accompagnement, Editions du Panthéon, publié en janvier 2018, sur l’accompagnement des dirigeants en entreprises agiles.
- Auteur d’un chronique hebdomadaire dans l’AGEFI